LE SAVIEZ-VOUS...
*** MISE À JOUR ***
L’alimentation en eau
dans la lutte contre l’incendie

Le feu est la résultante de trois éléments : chaleur, combustible et oxygène. L’eau est reconnue pour diminuer la chaleur et restreindre la quantité d’oxygène surtout lorsqu’elle se transforme en vapeur au contact du feu. En l’absence de l’un de ses trois éléments constitutifs, le feu s’éteint de lui-même.

Une lutte efficace contre l’incendie résulte, entre autres choses, dans l’alimentation en eau d’où l’importance d’un réseau d’aqueduc adéquat ou d’une autre source d’alimentation en eau.

LE RÉSEAU D’AQUEDUC

Dans un réseau d’aqueduc, les poteaux incendie – borne-fontaine, hydrant, borne d’incendie - sont les liens entre le réseau souterrain et les autopompes.

Dans l’est de l’Amérique du nord, les poteaux incendie sont généralement de type sec pour prévenir le gel (A) et sont installés à demeure. En Europe et dans certains autres pays, des bouches d’incendie sont installées sous des dalles de métal, ou autres matériaux, le long des voies de circulation et des colonnes d’alimentation mobiles peuvent y être abouchées en quelques tours de main.

En 2018, la ville de Lévis comptait plus de 4 400 poteaux incendie conformes et près de 776 km de conduites sur l’ensemble de son territoire. Ce nombre est en constante augmentation. 50% des poteaux incendie sont vérifiés au rinçage du printemps et l’autre 50% le sont à l’automne (B). Un poteau incendie conforme fournit un débit de 1 500 l/minutes à une pression minimale de 140 kPa pendant au moins 30 minutes.

À chacun d’eux s’ajoutent un numéro d’identification ainsi qu’une balise fixe ou saisonnière facilitant leur localisation visuelle et leur déneigement. Cette dernière opération est confiée à des entreprises privées par contrats de sous-traitance.

Nous retrouvons, sur le territoire de Lévis, différents modèles de poteaux incendie et de balises, probablement dû aux fusions de différentes municipalités.

LES RÉSERVOIRS

Au Québec, rares sont les municipalités dont le territoire est entièrement desservi par un réseau d’aqueduc qui peut alimenter les autopompes lors d’un incendie d’où l’utilisation de points d’eau, jadis, en bordure d’un cours d’eau ou, de nos jours, de citernes mobiles ou réservoirs fixes.

Dans le Lévis naissant, on voit apparaître sur le cadastre de certains lots, les mentions « de servitudes légales de passage » qui consacrent l’existence des chemins d’accès à certains cours d’eau destinés à la lutte contre l’incendie. De nos jours, ces mentions sont caduques et, règle générale, l’eau n’est plus puisée à même les cours d’eau.

Plus tard, s’ajoutent des réservoirs, localisées à des endroits stratégiques. Dans un premier temps, ces constructions sont établies à même le cours d’un ruisseau ou d’une rivière. Ce sont des ouvrages aux parois en bois ou en maçonnerie et, au fil des ans, en béton. En l’absence d’un cours d’eau, ce qui est le cas dans bien des quartiers, plusieurs réservoirs sont alimentés par une ou plusieurs sources et, dans certains cas, par les eaux pluviales.

Le grand inconvénient de ces types de construction est souvent la sédimentation qui, au fils des ans, réduit irrémédiablement la capacité en eau du réservoir en l’absence d’un entretient préventif.

Pour remédier à tous ces inconvénients, la ville de Lévis a entrepris, il y a quelques années, l’installation d’imposants réservoirs faits de matière plastique qui peuvent entreposer plus de 30 000 litres d’eau chacune accessibles en tout temps. Ces nouveaux réservoirs sont alimentées en eau propre par les bons soins du Service de la sécurité incendie de Lévis.

Tout véhicule ayant une capacité adéquate de pompage peut y puiser l’eau directement ou s’alimenter via une tuyauterie dite sèche évitant ainsi le gel des installations pendant les saisons froides.

LES CAMIONS CITERNES

À Lévis, au plan opérationnel, dans les zones non couvertes par un réseau d’aqueduc, le Service de la sécurité incendie dispose de camions citernes qui, au besoin, interviennent en support aux autopompes dès qu’une première alarme est donnée.

Ces véhicules sont munis d’une pompe d’une capacité de 4,775 l/min et entreposent, en moyenne, 11,365 litres d’eau dans leur réservoir. Chaque véhicule transporte 2 bassins portatifs d’une capacité de 6 800 litres d’eau chacun dans lesquels le contenu en eau du véhicule peut y être déversé directement au moyen d’une chute (C) située à l’arrière du camion et repartir se réalimenter aussitôt.

Le Service de la sécurité incendie de Lévis peut également compter sur le soutien des véhicules des MRC limitrophes.

Une fois vidés de leur contenu en eau, ces véhicules peuvent aller à nouveau s’alimenter à un réseau d’aqueduc existant ou à celui des réservoirs dont il est fait mention plus haut, minimisant ainsi les déplacements sur de longues distances.

À partir de toutes ces installations, on peut assurer une meilleure protection des citoyens de Lévis et de leurs biens.

 

UN PEU D'HISTOIRE
La « Fire Plug », l’ancêtre du poteau incendie?

Dans toutes les agglomérations du monde, de nos jours, la lutte contre les incendies passe, dans la majorité des interventions, par l’utilisation du poteau incendie aussi dénommé bouche d’incendie, borne-fontaine, hydrant et même « fire plug » pour ne nommer que les appellations les plus courantes.

Le poteau incendie est une colonne généralement en fonte, parfois en bronze, inspiré à l’origine d’un tube de canon, constituée d’une ou plusieurs valves souterraines ou aériennes comportant des sorties d’eau auxquelles les tuyaux d’incendie peuvent être branchés. Jadis, dans certaines villes d’importance comme New York, on pouvait retrouver des poteaux d’incendie en bois.

Dans l’Amérique naissante, les premières escouades de pompiers se servent de chaudières à feu, en cuir, en bois ou en métal dont les fonds, pour ce qui est des chaudières en métal, deviennent, au fil des ans, semi-ovales pour éviter qu’elles soient utilisées à d’autres usages. L’eau est puisée à même un cours d’eau, un puits ou une citerne.
Photo : Waterworks Museum, Boston, Ma. USA.

L’apparition des pompes à bras à grand débit et, par la suite à la vapeur, nécessite un approvisionnement en eau plus important. À l’époque plusieurs municipalités sont alimentées en eau potable par des canalisations en bois. Naît alors la « Fire Plug ».

Un trou est creusé dans la chaussée dégageant ainsi une partie de la conduite d’eau, À l’aide d’une mèche utilisée par les charpentiers, la canalisation d’eau en bois est perforée et l’eau jaillit dans le trou. L’embout du boyau d’aspiration de la pompe est placé le plus près possible du nouvel orifice. Au fil des ans, l’ajout d’une crépine évite d’endommager les mécanismes de la pompe avec des cailloux d’importance.

Photo : Waterworks Museum, Boston, Ma, USA. Quand l’utilisation de cette source d’eau n’est plus requise, un brave descend dans le trou avec un maillet et une cheville de bois dur et enfonce cette dernière dans l’ouverture pratiquée dans le tuyau. Dans certains cas, un barillet recouvre la section du tuyau où se retrouve la « fire plug » pour une meilleure protection et une éventuelle utilisation. Le trou est alors comblé de terre et un poteau en bois est installé en bordure de la chaussée. Le dit poteau est identifié aux couleurs ou à l’appellation de l’équipe des pompiers qui a réalisé l’opération.
Photo : Waterworks Museum, Boston, Ma, USA.

Dans le passé, cette façon de faire a parfois donné lieu à des combats épiques entre les différentes équipes de pompiers d’une même municipalité, car on était réticent à ce que la « plug » soit éventuellement utilisée par une équipe de pompiers autre que celle qui avait creusé le trou d’origine.

Il est bon de rappeler que dans les années 1800, c’étaient les compagnies d’assurances qui constituaient des équipes de pompiers dans une municipalité donnée. Autant de compagnies d’assurance, autant d’équipes de pompiers.

Si vous écoutez attentivement les ondes des services de protection incendie d’une municipalité importante, surtout chez nos voisins américains, vous allez parfois entendre un chef aux opérations lancer sur les ondes, à l’attention d’une unité arrivant sur les lieux de l’incendie, l’expression: « Have a plug ! » C’est une réminiscence des temps passés.

Texte : Jean-Luc Lemieux
Recherche : Gaétan Aubin et Jean-Luc Lemieux
Prochaine chronique : Les véhicules incendie

 

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